UNE VOCATION PRÉCOCE
Né le 14 septembre 1894 à Bauzun dans les Basses-Pyrénées, le jeune Théas est issu d’un milieu de notable. Avant d’accéder à l’épiscopat, Pierre Théas passe tout son temps dans le diocèse de Bayonne. Après une mobilisation dans les combats de la Grande Guerre, il reprend ses études théologiques et est ordonné prêtre en septembre 1920. Élève au séminaire français de Rome où il séjourne durant trois ans, il est ensuite nommé vicaire à Pau. Il est appelé, par la suite, à enseigner la théologie morale au grand séminaire de Bayonne. Durant la drôle de guerre, il est à nouveau mobilisé sur la frontière pyrénéenne et accède peu après, suite au décès de Mgr Durand, à l’épiscopat dans le diocèse de Montauban.
AU CHEVET DE MANUEL AZAÑA
C’est ainsi que le destin du prêtre Théas croise le Montauban maréchaliste puis occupé. Sacré le 3 octobre 1940, le nouveau prélat montalbanais manifeste dès ses débuts une certaine dualité dans ses prises de positions. Lors de la visite montalbanaise du maréchal Pétain le 6 novembre, Mgr Théas participe a la liesse populaire en faveur du Maréchal ; ne doit-on pas signaler pour autant qu’il se déplace à plusieurs reprises au chevet du président de la République espagnole. En effet depuis juin 1940, Manuel Azaña est réfugié à Montauban. Il a pris ses quartiers à l’hôtel du Midi. Théas lui aurait même donné l’Extrême-Onction à la demande de son épouse. Manuel Azaña est décédé le 3 novembre, trois jours avant l’arrivée triomphale du “ héros de Verdun ”.
UNE RÉSISTANCE DE MOINS EN MOINS PASSIVE
Ce “ culte ” du double ou cette “ ambivalence ”, Mgr Théas va l’entretenir tout au long de sa charge. En effet, si l’évêque de Montauban appelle ses “ fidèles ouailles ”, à adhérer avec ferveur à la politique de Vichy poussant au culte du chef, ne doit-on pas souligner lorsqu’il est admis à l’Académie de Montauban, le 7 janvier 1941, qu’il rend un vibrant hommage au philosophe Henri Bergson, décédé trois jours plus tôt. Il est évident que cette manifestation publique du prélat pour le grand penseur juif n’est pas fortuite. Si cet équilibre est respecté durant les premières années du régime, Théas, à partir de septembre 1941, bascule dans une opposition de plus en plus ouverte au régime. A la faveur de (...)